Ubisoft, l’un des fleurons du jeu vidéo français, vient de franchir un cap stratégique en annonçant un partenariat renforcé avec Tencent, le géant chinois du divertissement. Plutôt que d’opter pour une vente directe, Ubisoft a choisi de créer une nouvelle filiale qui regroupera ses licences les plus prestigieuses : Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six.
Une nouvelle structure
Cette filiale, déjà valorisée à 4 milliards d’euros, marque une tournant majeur pour l’entreprise. Tencent investit 1,16 milliard d’euros pour en détenir 25 %, tandis qu’Ubisoft conserve la majorité des parts pour au moins deux ans. Un accord verrouillé qui empêche Tencent d’accroître sa participation au-delà de ce seuil pendant cinq ans, sauf changement majeur.

Ces dernières années, Ubisoft a connu des difficultés, avec des projets phares comme Avatar: Frontiers of Pandora, Skull and Bones et Star Wars Outlaws peinant à convaincre. Les rumeurs d’un rachat par Tencent circulaient depuis un moment, alimentant les spéculations sur l’avenir du groupe. Si cette vente n’a finalement pas eu lieu, ce rapprochement confirme l’influence croissante de Tencent dans le paysage du jeu vidéo occidental.
Un pari pour l’avenir
Le choix de Tencent n’est pas anodin. L’entreprise chinoise est omniprésente dans l’industrie du jeu vidéo : elle possède Riot Games (League of Legends), détient une part significative dans Epic Games (Fortnite), Roblox, et FromSoftware (Elden Ring). Au-delà du jeu vidéo, Tencent investit également dans le cinéma (Mission Impossible, Top Gun Maverick), la musique via Spotify, et même dans l’intelligence artificielle. Son influence s’étend sur toute la pop culture mondiale, à l’image d’un Disney chinois.

Avec cette alliance, Ubisoft cherche à se relancer sans perdre son indépendance. En isolant ses licences les plus lucratives dans une entité à part, l’entreprise espère stabiliser sa situation et amorcer un nouveau chapitre de son histoire. La nouvelle filiale sera basée en France mais supervisera également les équipes de Montréal. Les autres licences comme Rayman, Splinter Cell et Prince of Persia restent sous le giron d’Ubisoft.
Si Ubisoft n’a pas été vendue, elle s’est bel et bien engagée sur une route où Tencent occupe une place centrale. Reste à voir si ce partenariat permettra à l’éditeur français de retrouver son élan ou s’il s’agit d’une première étape vers un contrôle plus affirmé du mastodonte chinois.