Avec Marche ou crève, Francis Lawrence livre une adaptation implacable de l’un des récits les plus sombres de Stephen King.
Une histoire sombre
Écrit à seulement 18 ans par le maitre de l’horreur sous le pseudonyme de Richard Bachman, le roman dresse le portrait d’une jeunesse sacrifiée dans une compétition absurde. Cent adolescents, choisis au hasard, sont condamnés à marcher à travers l’Amérique, sous l’œil d’une foule fascinée. Règle unique : avancer. Quiconque s’arrête ou ralentit trop est abattu par la troupe de militaire qui les supervise. À la fin, un seul survivant, récompensé par la promesse de voir exaucé « le vœu de ses rêves ».
Le film conserve l’aridité narrative du roman : pas de rébellion organisée, pas d’échappatoire. Seulement la progression épuisante, pas après pas, vers une mort annoncée. Cooper Hoffman prête ses traits à Ray Garraty, figure fragile mais résistante, face au Major glacial incarné par Mark Hamill. La mise en scène brille de part sa caméra immersive et son casting charismatique et accorde un point d’honneur à refuser tout signe d’espoir. Ici, la victoire n’a rien de glorieux : elle n’est que survie.
Le respect de l’œuvre d’origine
Stephen King lui-même a tenu à poser une condition essentielle pour accorder sa bénédiction : ne pas édulcorer la violence. « Ces personnages sont des enfants jetés dans la machine de la guerre. […] Si vous ne montrez pas le sang, ne vous embêtez pas. » Le scénariste J.T. Mollner s’est aligné sur cette exigence, insistant sur la nécessité de préserver « l’ADN et les thèmes du roman original ». Beauté des liens, amitié fragile, mais aussi brutalité, désespoir et peur : tout devait être montré, sans compromis.

Lors d’une projection des premières images au Comic-Con, l’équipe a confirmé cette volonté d’aller jusqu’au bout. Lawrence signe ainsi un film radical, à la fois miroir des conflits passés et résonance contemporaine de notre fascination pour le spectacle de la souffrance.
Plus qu’un divertissement, Marche ou crève se veut une expérience frontale, où chaque pas rapproche autant les personnages que les spectateurs de l’abîme.