Edgar Wright revient sur le devant de la scène hollywoodienne avec Running Man, une adaptation ambitieuse du roman de Stephen King, bien plus fidèle à l’œuvre originale que le film de 1987. Plutôt que de recycler les codes classiques du cinéma d’action, le réalisateur troque les muscles d’Arnold Schwarzenegger contre une approche plus satirique, plus acerbe, et nettement plus contemporaine.
Un contexte dystopique étrangement familier
Dans un futur proche, les États-Unis sont dominés par un système autoritaire où médias, divertissement et économie se confondent. Les jeux télévisés ne sont plus de simples spectacles : ils deviennent des instruments de contrôle social. Le principe est simple : survivre un mois, traqué par la population entière, et gagner une fortune. La violence est le moteur de l’audience, la souffrance humaine devient le nouveau divertissement national.
Au cœur de ce chaos, Ben Richards, incarné par Glen Powell, ouvrier exclu du système, accepte de risquer sa vie afin de payer les soins de sa fille malade. Loin de l’archétype du colosse indestructible, Richards se présente ici comme un héros du peuple, parfois maladroit, mais viscéralement déterminé.
Entre spectacle et dénonciation
Si Running Man peut donner l’impression d’un film de commande, Edgar Wright y injecte sa propre identité : montage rythmé, humour noir et scènes d’action survitaminées. La mise en scène ne ralentit jamais, alternant confrontations musclées, évasions rocambolesques et moments plus intimes chargés de tension sociale.

Mais derrière le divertissement, Wright assume un discours politique fort. La critique du capitalisme-spectacle, de la manipulation médiatique, du pouvoir des corporations et de la marchandisation de la vie humaine n’a rien de subtil, et c’est volontaire.
Glen Powell surprend dans un rôle plus dramatique que ses apparitions précédentes. Il porte le film avec conviction, et incarne un protagoniste crédible, parfois vulnérable, mais constamment animé d’une colère palpable. Face à lui, Josh Brolin, en créateur charismatique du jeu télévisé, incarne une forme de pouvoir déconnecté, obsédé par l’audience.

Running Man n’est pas un blockbuster lisse. Il est parfois brouillon, bruyant, chaotique. Mais il possède ce que beaucoup de productions actuelles n’ont plus : une âme. Wright ne livre pas seulement un film d’action, il propose une fable dystopique moderne, spectaculaire et engagée.
Running Man est un divertissement musclé, intelligent, mordant, et peut-être l’un des blockbusters les plus singuliers de ces dernières années. Alors si vous vous sentez tentés, jetez-vous dans les salles de cinéma, car le film est à l’affiche dès aujourd’hui !
