Dans un monde de plus en plus connecté, où les jeux mobiles et les contenus numériques font partie intégrante de nos vies quotidiennes, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur : la disparition soudaine de ces jeux et contenus. Peu de gens en sont réellement conscients, mais cela peut arriver du jour au lendemain, emportant avec lui des heures de plaisir, d’investissement personnel, et parfois même d’argent.
La réalité économique
Imaginez : vous avez passé des heures à jouer à un jeu mobile, vous y avez peut-être même investi un peu d’argent. Et puis, sans avertissement suffisant, tout s’arrête. Le jeu disparaît des magasins en ligne, les serveurs sont fermés, et tout ce que vous avez bâti disparaît avec eux. C’est une expérience vécue par beaucoup de joueurs.
Un exemple marquant est celui des Simpsons: Springfield, un jeu mobile qui existait depuis 12 ans. Ce jeu permettait aux utilisateurs de construire leur propre ville des Simpson, avec des personnages et des éléments inspirés de la célèbre série. Après 12 ans de progression, d’optimisation minutieuse de leur ville, et de connexion quotidienne, un message est apparu lors de la dernière session des joueurs : “Vous pouvez continuer à jouer avec vos springfieldiens préférés jusqu’au 24 janvier 2025… Il sera alors temps de se dire adieu car le jeu deviendra inaccessible.”
Cette situation est loin d’être unique. Pourquoi cela arrive-t-il ? La réponse est principalement économique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, lorsque vous téléchargez un jeu, vous n’en êtes pas vraiment propriétaire. La plupart des jeux actuels, surtout sur mobile, dépendent de serveurs en ligne pour fonctionner. Si ces serveurs s’arrêtent, le jeu s’arrête également. Maintenir ces serveurs coûte de l’argent, et lorsque le jeu n’est plus aussi populaire qu’avant, les éditeurs préfèrent tout simplement réduire leurs coûts et fermer les serveurs.
Ce qui est encore plus frustrant, c’est que cette situation peut se produire même pour des jeux qui ont encore une base de joueurs active. Parfois, l’entreprise souhaite simplement passer à autre chose. Des jeux comme Angry Birds: Star Wars, considéré comme l’une des meilleures versions du célèbre jeu, ou Dofus Battle, un jeu mobile payant des années 2010, ont disparu sans laisser de trace. On se souvient aussi du phénomène Flappy Bird, un jeu viral qui a disparu presque aussi vite qu’il est arrivé.
Une problématique qui va bien au delà des jeux mobiles
Et ce problème ne concerne pas seulement les jeux mobiles. Les plateformes de streaming sont également touchées. Que ce soit pour des films, des séries ou même des jeux vidéo, des services comme Netflix, Disney+, ou encore le Xbox Game Pass, peuvent retirer du contenu du jour au lendemain. Les raisons sont multiples : expiration de contrats, droits de diffusion non renouvelés, ou manque de rentabilité. Le modèle de consommation numérique actuel est fondé sur l’accès temporaire aux contenus, un accès qui peut être coupé à tout moment.
Les conséquences pour les joueurs sont multiples. Premièrement, il y a la perte financière. Si vous avez dépensé de l’argent pour des objets virtuels, des skins ou des contenus téléchargeables (DLC), tout cela peut disparaître du jour au lendemain, sans possibilité de remboursement. Ensuite, il y a la perte de temps et d’investissement personnel. Lorsque vous avez consacré des mois à progresser dans un jeu et que celui-ci disparaît, tout cet effort est perdu.
Enfin, il y a une perte culturelle. Contrairement aux œuvres physiques, telles que les CD, DVD, Blu-ray ou cartouches de jeux, les œuvres numériques risquent de disparaître complètement si elles ne sont pas correctement préservées. Tout un pan de la culture vidéoludique et audiovisuelle peut ainsi s’effacer. Ce modèle de consommation favorise les grandes productions qui attirent un large public, au détriment des œuvres plus modestes, qui risquent de disparaître faute de rentabilité immédiate.
Ce phénomène soulève une question importante : sommes-nous réellement propriétaires des contenus que nous consommons ? La réponse semble être non. Ce que nous pensons posséder est en réalité fragile et éphémère. Il est peut-être temps de repenser notre façon de consommer le divertissement numérique, afin de mieux comprendre sa volatilité et sa précarité. Car ce qui semble éternel aujourd’hui peut disparaître bien plus vite que nous ne le pensons.