Treize ans après Tron : L’Héritage et plus de quarante ans après le film fondateur de Steven Lisberger, la saga Tron fait son grand retour avec Tron : Ares, réalisé par Joachim Rønning. Ce troisième opus, ambitieux et visuellement éblouissant, tente de reconnecter l’univers virtuel culte à notre époque saturée d’intelligence artificielle et de réalités augmentées.
Un récit entre monde virtuel et réel
Le scénario explore un concept fascinant : la transposition de programmes informatiques dans le monde réel. Ares (Jared Leto), une IA sophistiquée conçue pour apprendre et évoluer, parvient à franchir la frontière du numérique pour exister dans la chair. Créé par le programmeur Julian Dillinger (Evan Peters), héritier d’une dynastie d’industriels technophiles, Ares devient alors le centre d’un affrontement idéologique et technologique entre son créateur et Eve Keem (Greta Lee), présidente d’ENCOM et visionnaire cherchant à utiliser la technologie pour le bien de l’humanité.
S’il y a bien une chose que Tron : Ares réussit, c’est l’esthétique. La photographie sublime chaque plan, entre néons rougeâtres, architectures futuristes et séquences d’action d’une fluidité rare. Les traditionnelles courses de motos, désormais transposées dans les rues d’une mégalopole américaine, offrent un spectacle d’une intensité remarquable.
Les effets spéciaux, supervisés par Industrial Light & Magic (ILM), atteignent des sommets de réalisme et d’inventivité. Le design des véhicules et des armures prolonge l’identité visuelle de la saga tout en la modernisant. Mention spéciale également à la bande originale de Nine Inch Nails, dont les nappes électroniques industrielles donnent au film une dimension sensorielle puissante, dans la lignée du travail de Daft Punk sur Tron : L’Héritage.

Un casting et un message en demi-teinte
Malgré une distribution prestigieuse, le film souffre d’un réel manque d’émotion. Jared Leto incarne un Ares visuellement fascinant mais étrangement désincarné. Greta Lee, dans le rôle d’Eve Keem, tire son épingle du jeu grâce à une intensité sobre, tandis qu’Evan Peters cabotine dans un rôle de génie torturé. Gillian Anderson, en mère autoritaire désabusée, et Jodie Turner-Smith, en soldate-programme impitoyable, complètent un casting solide mais inégal. Les interactions entre personnages manquent parfois de naturel, laissant le spectateur plus admiratif devant la mise en scène que réellement investi dans le drame.

Comme ses prédécesseurs, Tron : Ares interroge la frontière entre l’homme et la machine. Mais là où Tron (1982) était visionnaire et L’Héritage nostalgique, ce nouvel opus hésite entre deux discours : la fascination pour la technologie salvatrice et la critique de ses dérives. Le film effleure de belles idées sans toujours leur donner la profondeur nécessaire.
Tron : Ares impressionne par son ambition visuelle et sa maîtrise technique, mais peine à émouvoir. On ressort ébloui par les images, la musique et les effets de lumière, tout en regrettant une certaine froideur narrative.