L’annonce est tombée comme un coup de tonnerre : Netflix a officiellement conclu un accord pour racheter Warner Bros Discovery, une opération estimée à près de 83 milliards de dollars, et qui redessine d’un seul geste le paysage du divertissement mondial. Cette fusion, encore soumise à l’approbation des autorités de régulation, provoque déjà une onde de choc dans l’industrie et suscite autant d’enthousiasme que d’inquiétude.
Une acquisition colossale
Après plusieurs semaines de négociations exclusives, Netflix affirme avoir décroché la meilleure offre. Le rachat englobe les studios cinéma et TV de Warner Bros Discovery, les chaînes HBO et HBO Max ainsi que l’ensemble des franchises iconiques du groupe : Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, Game of Thrones, l’univers DC, Friends, mais aussi les classiques du catalogue Warner comme Casablanca ou Citizen Kane. Tous ces titres sont destinés à intégrer progressivement le portefeuille du géant Netflix.

Pour Netflix, l’opération répond à une stratégie simple : accroître son catalogue premium, attirer plus d’abonnés, prolonger le temps de visionnage et augmenter ses revenus. La société estime pouvoir dégager 2 à 3 milliards d’économies annuelles dès la troisième année et prévoit un impact positif sur le bénéfice par action dès la deuxième.
Une décision qui ne plait pas à tout le monde
Si Netflix vante un futur joyeux, les réactions à Hollywood sont loin d’être unanimes. Depuis les premières rumeurs, scénaristes, réalisateurs, acteurs et exploitants de salles ont exprimé leur opposition.
La Writers Guild of America a lancé un appel clair : « Cette fusion doit être stoppée. » La Director’s Guild évoque de son côté de profondes inquiétudes. Le monde de l’exploitation cinématographique, aux États-Unis comme en Europe, redoute une réduction drastique des sorties en salles (un scénario déjà amorcé depuis quelques années par la montée du streaming).

L’arène politique s’en mêle également. Au Congrès, des élus des deux partis dénoncent un accord potentiellement anticoncurrentiel. Elizabeth Warren parle même d’un « cauchemar anti-monopole ». De son côté, l’administration Trump ferait preuve d’un scepticisme prononcé, ce qui laisse présager un parcours réglementaire particulièrement ardu.
Paramount n’a pas dit son dernier mot
Alors que Netflix savoure son avance, Paramount s’organise en coulisses. Le groupe dirigé par David Ellison, candidat malheureux à la reprise de Warner Bros Discovery, estime avoir présenté une offre supérieure. Il accuserait aujourd’hui le conseil d’administration de Warner Bros. Discovery d’avoir favorisé Netflix de manière injustifiée.

Paramount a adressé une lettre formelle au conseil de Warner Bros Discovery pour contester la décision et envisage même une OPA hostile. Le studio espère encore convaincre les actionnaires qu’il constituait un partenaire plus naturel, d’autant que ses relations avec l’administration actuelle pourraient lui offrir un avantage dans le dossier antitrust. En effet, comme nous l’avons déjà évoqué dans un précédent article, le président américain Donald Trump est un proche de Larry Ellison, actionnaire influent du groupe Paramount, et œuvre en coulisse pour que le rachat du groupe Warner penche d’avantage du côté de Paramount.
Un futur incertain, un présent déjà transformé
Même si l’opération doit encore franchir de multiples obstacles, Hollywood se prépare déjà à un avant et un après. Car avec ce rachat, Netflix ne se contente plus d’être le leader du streaming : il devient le gardien de la plus vaste bibliothèque cinématographique et télévisuelle de l’histoire, des grandes sagas modernes aux chefs-d’œuvre du siècle dernier.

Cependant, ce potentiel rachat laisse en suspend un grand nombre de questions brûlantes : Quel sera l’avenir de HBO Max ? Netflix unifiera-t-il ses activités sous une plateforme unique ? Les franchises majeures (Harry Potter, le DC Universe de James Gunn) sortiront-ils au cinéma ? Les sorties en physiques de ces films/séries disparaitront-elles ? Les salles de cinéma conserveront-elles une place dans la stratégie du nouveau géant ?
Les réponses à ces interrogations définiront le visage du cinéma et du streaming pour les prochaines décennies. Une chose en revanche semble certaine : Hollywood ne sera plus jamais comme avant.
