Le très attendu biopic Michael, centré sur la vie du roi de la pop, continue de faire des allers-retours dans le calendrier hollywoodien. Prévu initialement pour avril 2025, le long-métrage réalisé par Antoine Fuqua et produit par Lionsgate et Universal sortira finalement le 24 avril 2026 aux États-Unis. Un report de plus, qui illustre à quel point le projet est aussi colossal qu’instable.
Un projet trop grand et trop compliqué ?
Avec une première version atteignant 3h30 de durée, Michael semble vouloir embrasser la vie hors norme de la star dans toute sa complexité. Trop longue pour une exploitation commerciale fluide, cette coupe initiale a rapidement soulevé des interrogations du côté des producteurs. La solution envisagée : scinder le film en deux parties. Une décision encore officieuse, mais qui paraît inévitable au vu de l’ampleur du récit.

Jon Feltheimer, le PDG de Lionsgate, l’a laissé entendre dès le printemps 2024 : résumer l’impact musical et culturel de Michael Jackson dans un seul film relève de l’impossible. Une division du biopic pourrait ainsi permettre de mieux rendre compte de son héritage… à condition que le premier volet rencontre le succès escompté.
L’ambition artistique du film ne suffit toutefois pas à expliquer ses retards. Un autre facteur, bien plus délicat, a sérieusement compliqué la production : l’intégration des accusations de pédophilie portées contre Michael Jackson, et en particulier l’affaire Jordan Chandler. Ce dernier avait accusé la star d’abus sexuels à l’âge de 13 ans, une affaire conclue par un accord financier sans reconnaissance de culpabilité en 1994.

Malgré la sensibilité du sujet, le scénariste John Logan avait inclus un segment sur cette affaire dans le script original. Mais un détail juridique majeur a été ignoré : l’accord conclu entre Chandler et Jackson interdit formellement toute mention du plaignant dans une œuvre audiovisuelle. Ce n’est qu’après le tournage que cette clause a été redécouverte, obligeant l’équipe à réécrire et retourner certaines scènes, un contretemps coûteux qui a contribué à repousser la sortie.
Un casting solide
Le casting du film, déjà dévoilé en partie, est lui aussi surveillé de près. Le rôle-titre est incarné par Jaafar Jackson, neveu de Michael. Il est entouré de Colman Domingo (Joe Jackson), Nia Long (Katherine Jackson), Miles Teller (John Branca, avocat et conseiller de l’artiste) et Larenz Tate (Berry Gordy, fondateur de Motown). Plusieurs figures emblématiques liées à la carrière de Michael feront aussi leur apparition à l’écran : Diana Ross, La Toya Jackson, Quincy Jones, ou encore Gladys Knight.

Le choix de la nouvelle date (avril 2026) n’est pas anodin. Ce créneau, relativement dégagé de grosses sorties, pourrait permettre à Michael de briller seul au box-office. Ce serait une bouffée d’air pour Lionsgate, en difficulté après les échecs critiques et commerciaux de projets récents comme The Crow ou Borderlands.
Cependant, l’avenir du second volet du biopic demeure en suspens. Sa mise en chantier dépendra du succès du premier film. Si le public répond présent, alors seulement l’intégralité de la vision du réalisateur pourrait voir le jour.
Soumis à des défis artistiques, juridiques et logistiques, Michael s’annonce déjà comme une œuvre aussi fascinante que fragile. Reste à voir si le film parviendra à faire danser le public… ou s’il sera enseveli sous le poids de son ambition.