Depuis quelques années, une tendance bien ancrée s’impose dans l’industrie du jeu vidéo : celle des remasters. Ce phénomène consiste à redonner un coup de jeune à d’anciens jeux, en les améliorant graphiquement et techniquement, sans pour autant modifier leur contenu principal. En somme, on conserve le jeu tel qu’il était, mais on le rend plus beau, plus fluide et compatible avec les consoles et ordinateurs actuels.
Contrairement au remake, qui implique une refonte totale, le remaster est une simple mise à jour visuelle et sonore. Il vise à faire redécouvrir une œuvre existante, en misant souvent sur la nostalgie des joueurs.

Un exemple réussi : Syberia Remastered
Dernier jeu en date à bénéficier de cette cure de jouvence : Syberia, le chef-d’œuvre de Benoît Sokal, initialement sorti en 2002. Ce jeu d’aventure point-and-click, au rythme lent et contemplatif, suit l’histoire de Kate Walker, une avocate new-yorkaise embarquée dans un voyage aux confins de l’Europe de l’Est, sur les traces d’un mystérieux inventeur et d’une île légendaire où vivraient encore des mammouths.
Poétique et singulier, Syberia a marqué de nombreux joueurs par son ambiance unique. Le remaster, attendu sur PS5, Xbox Series et PC en fin d’année, promet de respecter fidèlement l’univers imaginé par Benoît Sokal, décédé en 2021. Sur le papier, ce projet semble parfaitement légitime : il remet en lumière un jeu culte, sans le trahir.
Mais tous les remasters ne se valent pas…
Si Syberia Remastered s’annonce comme un hommage respectueux, d’autres remasters récents ont largement déçu. Plusieurs titres ont donné l’impression d’avoir été ressortis uniquement pour générer des revenus faciles, sans réel effort de modernisation.
Un exemple souvent cité est Red Dead Redemption (2010), réédité en 2023 sur PS4 et Nintendo Switch. Malgré son statut de jeu culte, cette version n’a bénéficié d’aucune amélioration notable en matière de graphismes ou de gameplay, mais a été vendue au prix fort. Un simple portage, perçu comme paresseux.
Pire encore : GTA Trilogy – The Definitive Edition. Présentée comme une version remastérisée des classiques GTA III, Vice City et San Andreas, cette compilation a été vivement critiquée pour ses nombreux bugs, ses textures ratées, et une finition globale inférieure aux jeux originaux. Un comble pour une série aussi emblématique.

Il faut bien le dire : le remaster est souvent une solution de facilité pour les studios. Inutile de tout réécrire, de tout inventer. Il suffit de capitaliser sur un nom connu, de jouer sur la nostalgie, d’ajouter un moteur graphique plus récent… et de vendre le tout au prix d’un jeu neuf.
Cela ne veut pas dire que tous les remasters sont inutiles. Certains, comme Syberia, ont un vrai intérêt patrimonial. Mais trop souvent, cette pratique relève davantage d’une stratégie marketing que d’un véritable hommage aux œuvres d’origine.
A force de recycler le passé, l’industrie du jeu vidéo prend le risque d’oublier l’essentiel : ce qui fait rêver les joueurs, ce ne sont pas les souvenirs… mais bien les mondes qu’on n’a pas encore imaginés.