Alors que l’attente autour des rugissement des dinosaures semblait s’être estompé ces dernières années, Jurassic World : Renaissance tente de ranimer la légende, avec un lancement solide mais sans éclat qui confirme l’essoufflement progressif de la saga. Entre ambition narrative et prudence stratégique, ce nouvel opus joue la carte du renouveau, tout en mesurant soigneusement ses risques.
Un scénario qui amorce un nouveau cycle

Doté d’un budget de 180 millions de dollars (hors marketing), Jurassic World : Renaissance est moins coûteux que ses aînés, un choix stratégique qui limite les risques. Le film mise sur un nouveau trio d’acteurs charismatiques : Scarlett Johansson, Jonathan Bailey et Mahershala Ali, pour relancer la dynamique.
L’intrigue de Renaissance abandonne les figures habituelles pour suivre une équipe d’opérations spéciales, chargée de récupérer de l’ADN sur une île interdite. Le film introduit de nouveaux personnages et même des dinosaures mutants, laissant entrevoir un virage génétique qui pourrait redynamiser l’univers.
Renaissance ne se contente pas de raconter une aventure ; il adopte aussi un ton méta, en questionnant la lassitude du public. Le film intègre ses propres doutes : un personnage déplore que son musée ne fasse plus recette, une métaphore claire de la difficulté à réinventer la franchise. Déjà, Jurassic World en 2015 ironisait sur l’obligation de toujours offrir “plus de dents“, autrement dit, de faire toujours plus spectaculaire.
Malgré cette lucidité, la force du nom “Jurassic“ continue d’attirer les spectateurs, même si l’émerveillement des débuts semble s’éroder.
Un démarrage correct, mais loin des records passés
Avec 147,3 millions de dollars récoltés en cinq jours sur le territoire nord-américain Renaissance s’impose en tête du box-office. Mais si la performance est honorable, elle reste très en retrait par rapport à ses prédécesseurs. À titre de comparaison, Jurassic World (2015) avait amassé 258 M$ sur la même période, Fallen Kingdom (2018) 181 M$, et Le Monde d’après (2022) 172 M$.
À l’international en revanche, la machine jurassique montre encore ses crocs : 171 millions de dollars ont été récoltés dans 82 pays, pour un total mondial atteignant 318 millions de dollars en cinq jours.

Sans être officiellement annoncé comme le premier volet d’une trilogie, le film prépare pourtant le terrain. Le réalisateur Gareth Edwards reste évasif : “On a essayé de faire de ce film un film indépendant. Quand je repense aux suites et aux trilogies que j’adore, elles ont toutes en commun que le premier film était indépendant, et que la question de savoir comment faire les autres est devenue complexe. Je n’en ai jamais parlé à personne. Pas une seule conversation avec David Koepp, Frank Marshall ou Universal au sujet d’une suite.“
La fin du film reste volontairement ambiguë. Plusieurs voies narratives sont envisageables : une préquelle, revenant sur les origines scientifiques du projet 17 ans plus tôt, ou une suite directe sur la même île mystérieuse. Mais surtout, le groupe de survivants introduit dans cet opus bénéficie d’un développement assez profond pour justifier un retour dans de futurs épisodes.
Jurassic World : Renaissance joue la carte du reboot prudent : il ne bouleverse rien, mais il réorganise les pièces du puzzle. Le public suit, sans enthousiasme débordant, mais sans lâcher prise non plus. Reste à savoir si ce souffle nouveau saura devenir une véritable renaissance… ou s’il ne sera qu’un dernier rugissement avant extinction.