Guillermo del Toro s’est imposé au fil des années comme l’un des cinéastes les plus singuliers du genre fantastique, aussi à l’aise dans l’horreur poétique que dans l’animation en stop motion. On lui doit notamment Mimic, Le Labyrinthe de Pan, Nightmare Alley, La Forme de l’eau, ou encore son interprétation de Pinocchio. Plus récemment, il a également revisité Frankenstein pour Netflix, réunissant Oscar Isaac, Jacob Elordi et d’autres acteurs de premier plan. Pourtant, malgré cette filmographie déjà foisonnante, certains de ses rêves de réalisateur restent inachevés, et l’un d’eux semble aujourd’hui s’éloigner définitivement…

Un projet difficile à adapter
Depuis de nombreuses années, Del Toro nourrit l’ambition d’adapter Les Montagnes hallucinées de H.P. Lovecraft. Mais dans une interview récente, il a reconnu que ce projet tant désiré était désormais à l’arrêt, sans réelle chance d’avancer. À la question de savoir si le succès de Frankenstein pourrait relancer la machine, il a répondu sans détour : « Je ne pense pas… enfin, je l’espère. C’est un projet immense, difficile à produire, et qui nécessiterait une classification adulte. Ce n’est pas vraiment le genre de film pour lequel les studios se battent. »

L’univers imaginé par Lovecraft, peuplé de créatures étranges et d’une civilisation oubliée, impose en effet une représentation ambitieuse et sombre, peu compatible avec les contraintes habituelles des grosses productions. Rendre justice à cette ambiance, tout en assumant une approche interdite aux moins de 18 ans, représente un défi colossal. Del Toro avait pourtant déjà offert aux fans un aperçu de ce qu’aurait pu devenir le film, en dévoilant il y a une dizaine d’années un extrait d’animation de test qui avait suscité l’enthousiasme chez les admirateurs du roman de Lovecraft.
Une œuvre fondatrice de l’épouvante
Le roman de 1931 relate la tragique expédition du Dr William Dyer en Antarctique, un récit présenté comme un témoignage destiné à dissuader quiconque de s’aventurer trop loin sur ce continent encore mystérieux. Créatures titanesques, traces d’une société disparue, sculptures figées dans la glace : autant d’éléments qui confèrent au texte une atmosphère oppressante et visionnaire.

Si le réalisateur se montre aujourd’hui plus réservé, c’est aussi parce qu’il a pris du recul sur sa propre trajectoire artistique. Il confie : « Ce film serait une sorte d’aboutissement. De Cronos à L’Échine du Diable, puis Le Labyrinthe de Pan, Crimson Peak et maintenant Frankenstein, on peut suivre une évolution dans mes thèmes, mes images, mon rapport aux personnages.
J’ai besoin d’explorer autre chose. »
Un aveu qui laisse entendre que, pour lui, tourner la page est peut-être la condition nécessaire pour continuer à se réinventer…
