Douze ans après les débuts fracassants de Conjuring et une avalanche de spin-off qui ont transformé la saga en véritable empire de l’horreur, Ed et Lorraine Warren s’apprêtent à tirer leur révérence. Avec Conjuring : l’heure du jugement, Michael Chaves orchestre ce quatrième et dernier volet comme un adieu aux enquêteurs paranormaux incarnés par Vera Farmiga et Patrick Wilson.
Une ultime affaire inspirée de faits réels
L’intrigue s’inspire du célèbre cas de la famille Smurl, piégée dans une maison hantée de Pennsylvanie dont elle ne peut s’échapper. Au centre du mystère : un miroir maléfique, véritable catalyseur de visions terrifiantes.
Derrière la promesse d’une enquête « d’après des faits réels », le film mêle atmosphère vintage et affrontement surnaturel. Mais si l’histoire flirte avec le registre classique des hantises, elle se distingue notamment par une direction artistique minutieuse.
Avec ses 2h15, le film se déploie en deux récits parallèles : la confrontation des Warren avec les forces occultes et l’exploration de leur vie privée. La santé déclinante d’Ed, les questionnements de Lorraine et les choix de leur fille, courtisée par un jeune policier, viennent ralentir l’action mais renforcent l’attachement aux personnages. Ce mélange divise : certains y verront une intensité dramatique bienvenue, d’autres une rupture de rythme affaiblissant la tension.

Une réalisation soignée, mais inégale
Visuellement, L’heure du jugement bénéficie d’un soin évident. La photographie joue habilement avec les ombres, et la bande originale soutient efficacement les moments de terreur. Quelques jump scares fonctionnent, même si l’ensemble manque parfois d’inventivité et recycle des codes déjà éprouvés.

Vera Farmiga apporte une sensibilité touchante à une Lorraine lassée mais déterminée, tandis que Patrick Wilson campe un Ed plus vulnérable que jamais. Leur complicité demeure le socle émotionnel du film. Mia Tomlinson (leur fille) et Ben Hardy (le policier qui cherche à la séduire) complètent efficacement le duo, apportant fraîcheur et continuité générationnelle.
Au-delà des apparitions spectrales et des séquences de terreur, Conjuring : l’heure du jugement se vit comme un hommage aux Warren et à leur parcours. La dernière partie, prolongée jusque dans le générique avec des images d’archives (dont certaines sont authentiques), clôt la saga sur une note entre hommage et mystification.
Si le film ne révolutionne pas le genre et souffre de longueurs, il offre une sortie digne et généreuse à une franchise qui a marqué le cinéma d’horreur contemporain. Un adieu imparfait mais sincère, où le spectateur retrouve à la fois la peur, la nostalgie et un soupçon de soap familial.