Chaque semaine, les réseaux sociaux voient naître de nouvelles tendances, certaines plus discutables que d’autres. Récemment, une mode inquiétante a fait son apparition sur TikTok : l’utilisation de filtres IA pour paraître plus gros.
Une tendance qui rappelle de mauvais souvenirs
Un filtre baptisé “Chubby“, disponible sur l’application de montage CapCut, permet d’élargir artificiellement sa silhouette. Le concept ? Des jeunes femmes, souvent perçues comme “jolies” selon les standards dominants, s’affichent sous une apparence modifiée pour provoquer le rire. Le message implicite est troublant : prendre du poids serait une blague.
Si cette tendance n’a pas encore explosé en popularité, avec un hashtag associé plafonnant à quelques milliers de vidéos, son impact ne se mesure pas uniquement en chiffres. Elle réactive une idée toxique : celle des années 2000 où la minceur était perçue comme la seule norme acceptable.
Un constat que partage Matthieu Bobard Delière, ex-journaliste chez Elle France et aujourd’hui créateur de contenu, qui souligne à quel point la dernière Fashion Week de Paris a remis en avant des standards de beauté extrêmes.
Mais cette glorification de la minceur ne se limite pas à TikTok. Sur X (ex-Twitter), les contenus qualifiés d'”inspiration minceur” se multiplient, encourageant souvent des idéaux corporels inaccessibles et parfois dangereux. Des millions de vues alimentent ce culte de la minceur, comme si aucune leçon n’avait été tirée des excès du passé.
TikTok : une régulation en demi-teinte
Officiellement, TikTok affirme lutter contre les troubles alimentaires en interdisant les vidéos pro-anorexie et en bloquant les publicités minceur destinées aux mineurs. Pourtant, la réalité est plus complexe.
Le filtre “Chubby” n’enfreint aucune règle mais s’inscrit dans une culture où certains types de corps sont tournés en ridicule. Ce climat est particulièrement anxiogène pour les jeunes utilisatrices. Une étude réalisée en 2024 sur des femmes de 18 à 28 ans révèle qu’après moins de dix minutes d’exposition à du contenu pro-anorexie sur TikTok, leur perception d’elles-mêmes se dégrade significativement. Pire encore, l’algorithme de la plateforme enferme les utilisateurs dans une boucle de contenus qui nourrissent leurs insécurités et renforcent leurs complexes.

Pour réagir face à ces tendances, la première étape consiste à prendre du recul. Il est essentiel de rappeler qu’être gros n’est pas une “blague”, mais une réalité pour des milliers de personnes. La dérision des corps hors normes alimente une pression sociale déjà écrasante.
Plutôt que de se laisser influencer par des filtres qui déforment la perception du corps, il serait plus judicieux d’utiliser un autre outil bien plus puissant : notre sens critique. L’éducation aux médias et la promotion de la diversité corporelle sont des solutions nécessaires pour contrer ces tendances nuisibles et préserver la santé mentale des jeunes générations.