Avec De Feu et de Cendres, James Cameron signe un retour attendu sur Pandora. Un retour somptueux, maîtrisé, mais paradoxalement moins vertigineux que prévu…
Un récit sous contrainte
Troisième étape d’un projet pensé sur le long terme, Avatar 3 s’inscrit dans une continuité assumée. Seize ans après le choc de son épisode fondateur, le cinéaste poursuit l’exploration de son monde onirique. Cette fois, l’émerveillement cède partiellement la place à la reconnaissance : Pandora n’est plus une découverte, mais un territoire familier que l’on parcourt avec des repères déjà bien ancrés.
C’est dans l’écriture que le film montre ses limites les plus nettes. Certains choix narratifs interrogent, voire fragilisent la cohérence de l’ensemble. La présence de Spider au cœur de la trajectoire des Sully, malgré les enjeux moraux posés dans l’opus précédent, semble expédiée. Le retour de Quaritch donne parfois l’impression d’un personnage prisonnier de sa fonction plus que guidé par sa propre personnalité. Ces accrocs ne sabotent jamais le film, mais ils révèlent une mécanique narrative de plus en plus visible.

Plus problématique encore : la sensation de répétition. Avatar 3 reprend, presque à l’identique, la charpente de La Voie de l’eau. Nouvelle fuite, nouvelle intégration à une culture inconnue, tensions internes, menace humaine, affrontement final. La partition est exécutée avec rigueur, mais sans réelle surprise.
Une répétition que l’on pouvait pourtant déjà reprocher à La Voie de l’eau, qui reprenait déjà allègrement la charpente narrative du tout premier opus.
Ce qui résiste encore
Pourtant, tout ne s’érode pas. Cameron reste un conteur attentif aux dynamiques familiales. Les enfants Sully gagnent en épaisseur, Neytiri se dévoile avec une fragilité nouvelle, et Varang, antagoniste charismatique, apporte une énergie brute bienvenue au récit.

Certaines séquences, dont nous vous laissons la surprise de la découverte, rappellent que l’univers d’Avatar ne se limite pas à sa surface spectaculaire. Il y subsiste une dimension sensorielle et émotionnelle singulière, capable de produire de véritables instants de grâce.
D’un point de vue plastique, le film demeure impressionnant. La précision des textures, la cohérence des écosystèmes et la fluidité des mouvements témoignent d’un savoir-faire hors norme. Cameron maitrise son sujet, et cela se ressent.

Mais cette maîtrise a un revers. Là où les précédents opus imposaient chacun une révolution technique (la 3D pour le premier, la performance aquatique pour le second), De Feu et de Cendres se contente d’exceller dans un cadre déjà connu. Le spectacle est constant, mais l’étonnement, lui, se fait plus rare.
Avatar 3 n’est donc pas un échec, mais un film confortable, parfois trop. Magnifique à regarder, moins audacieux à raconter, il laisse apparaître une nouveauté inattendue : une légère lassitude…
