Le roman culte de William Gibson, Neuromancer, fait peau neuve avec une adaptation en série développée par Apple TV+. Réalisée par J.D. Dillard et orchestrée par le showrunner Graham Roland, cette mini-série de dix épisodes s’annonce comme l’une des plus ambitieuses productions de science-fiction de la plateforme.

Un projet à la croisée des genres et des talents
Entre thriller technologique et drame existentiel, Neuromancer met en scène Case (interprété par Callum Turner), un hacker déchu banni du cyberespace, qui se voit offrir une chance de rédemption. Recruté pour une mission à haut risque par une mercenaire cybernétique, Molly Millions (Briana Middleton), et l’énigmatique Armitage (Mark Strong), il s’embarque dans une aventure où la frontière entre humain et machine s’efface dangereusement.

Au casting, on retrouve également Clémence Poésy, Joseph Lee, Dane DeHaan, et Peter Sarsgaard, ce dernier incarnant un puissant milliardaire technologique du nom d’Ashpool. Ce personnage, directement issu de l’œuvre originale, symbolise l’isolement des élites face à un monde en ruine. Selon Sarsgaard : “C’est l’homme le plus riche du monde, mais le monde souffre. Il vit dans son petit monde, sans souffrance, et vous voyez à quel point c’est impossible : Elon Musk pense peut-être aller sur Mars pour échapper à tout ça, mais tout va le suivre. Impossible d’y échapper. Et qui a envie d’aller sur Mars ?“
Un classique enfin adapté avec succès ?

Emma Laird, récemment vue dans 28 ans plus tard, prête également ses traits à un personnage clé. Présente au festival SXSW au mois de Mars, elle a partagé son expérience sur ce tournage atypique, notamment à Tokyo, où une grande partie de la série a été filmée : “Les costumes sont insensés. La coiffure et le maquillage sont dingues. […] Ce que nous avons fait est vraiment ancré dans la réalité et c’est un drame ; ce sont des choses folles et très typées. […] Ce livre est dense, très complexe et très déroutant, mais le fait de le porter à l’écran permet de raconter l’histoire de manière un peu plus claire.”
Le tournage à Tokyo ne se limite pas à un décor : il représente une véritable extension de l’univers cyberpunk de Gibson. La culture japonaise, omniprésente dans le roman, y trouve une matérialisation authentique.
Longtemps considéré comme inadaptable, Neuromancer a connu plusieurs tentatives de transposition à l’écran qui n’ont jamais abouti. Les cinéastes Tim Miller et Vincenzo Natali avaient autrefois envisagé une version cinéma, mais sans succès. L’arrivée de Dillard et Roland sur le projet marque donc un tournant majeur, ayant su convaincre Apple de financer cette ambitieuse production internationale.



Le roman, publié en 1984, a pourtant marqué un tournant dans la science-fiction, introduisant un vocabulaire et une vision qui allaient nourrir des décennies d’œuvres cyberpunk, du cinéma à la bande dessinée. Il est le seul roman à avoir remporté à la fois les prix Hugo, Nebula et Philip K. Dick – un triplé jamais réitéré.
Le récit explore des concepts futuristes de réalité virtuelle, d’intelligence artificielle et de corporatocratie, des thèmes devenu classiques pour le genre Cyberpunk.
Avec un tournage toujours en cours et une date de sortie encore gardée secrète, Neuromancer attise la curiosité. Entre héritage littéraire et vision contemporaine, Apple TV+ semble vouloir offrir à ce chef-d’œuvre de la science-fiction l’adaptation qu’il mérite enfin.