De plus en plus médiatisé, Alex Hitchens (de son vrai nom Isac Mayembo) est aujourd’hui l’un des personnages les plus polémiques du paysage numérique français. À 26 ans, cet ancien sportif de haut niveau s’est reconverti en influenceur, coach autoproclamé en séduction et en business, mais aussi figure montante d’un discours masculiniste qui alarme autant qu’il fascine.
Des terrains de basket aux réseaux sociaux
Né en 1999 à Évry, Isac Mayembo s’est d’abord illustré dans le sport. Colosse de deux mètres, il a évolué sous les couleurs des Sharks d’Antibes avant d’être sélectionné en équipe de France U20. Mais en 2020, il tourne le dos au basketball pour se lancer dans une toute autre carrière : celle d’influenceur.

Sur YouTube, TikTok et d’autres plateformes, il façonne le personnage d’Alex Hitchens, une référence directe au film Hitch avec Will Smith, où ce dernier incarne un “expert en séduction”. Mais ici, l’humour et la bienveillance laissent place à des vidéos aux propos provocateurs, imprégnées de sexisme et de pseudo-développement personnel.
Alex Hitchens s’est construit une large audience : plus de 660 000 abonnés sur TikTok et environ 370 000 sur YouTube. Il y publie des vidéos au ton souvent agressif, dans lesquelles il critique ouvertement les femmes, les relations modernes et ceux qu’il considère comme des hommes faibles. Parmi ses cibles, des personnalités comme Squeezie ou la compagne de ce dernier, Chloé Gervais, ne sont pas épargnées.
Ses contenus, largement diffusés, suscitent une inquiétude croissante. Car derrière le divertissement, c’est un discours masculiniste structuré qu’il propage : une vision où les femmes, la société et “le système” seraient les principaux responsables des échecs des hommes.
Depuis Dubaï, Alex Hitchens a monté un véritable empire entrepreneurial autour de son image. Il propose plusieurs formations en ligne, notamment sur la séduction, facturées autour de 199 euros chacune, ainsi que du coaching pour devenir “millionnaire“. À travers son storytelling, il promet à ses abonnés de “changer leur vie“.
Mais ces promesses sont loin de faire l’unanimité. Plusieurs internautes et créateurs de contenu l’accusent d’arnaques. Certains dénoncent des méthodes commerciales douteuses, d’autres vont plus loin : plusieurs monteurs ayant travaillé pour lui affirment n’avoir jamais été payés. L’un d’entre eux est même intervenu dans l’émission Ça peut vous arriver, présentée par Julien Courbet, pour témoigner publiquement.
Une influence sous surveillance
Au-delà des accusations, c’est l’influence même de ce type de contenu qui commence à inquiéter les institutions. Le 10 juin 2025, Alex Hitchens a été convoqué devant la commission d’enquête parlementaire sur l’impact de TikTok sur la santé mentale des jeunes. Une audition qui a rapidement tourné au clash : l’influenceur a quitté la salle en direct, dénonçant une manipulation de ses propos. Il a néanmoins reconnu que certains de ses contenus pouvaient être “problématiques“.

Cette séquence a mis en lumière les failles d’un écosystème numérique encore trop peu encadré. Car si Alex Hitchens n’est ni le premier, ni le seul à véhiculer un tel discours, son audience jeune et massive interpelle. Ses vidéos, largement accessibles à des mineurs, posent la question du rôle des plateformes et du besoin urgent de régulation.
L’affaire Alex Hitchens illustre à quel point les figures influentes du web peuvent façonner des récits puissants, parfois toxiques, sans réelle limite. À travers ses formations, ses vidéos et son storytelling bien rôdé, il vend plus qu’un produit : il propose une vision du monde, viriliste et clivante, qui séduit une partie de la jeunesse en quête de repères.
Le cas de cet influenceur controversé rappelle l’urgence d’un débat public sur l’éducation aux médias, la régulation des contenus numériques et la protection des publics vulnérables. À l’heure où TikTok et YouTube jouent un rôle central dans la socialisation des jeunes, il semble plus que jamais nécessaire de s’interroger sur ce à quoi ils sont exposés, et sur qui en tire profit.