À quelques heures des élections européennes, une menace numérique plane sur les scrutins à venir. Une récente initiative de l’ONG britannique Global Witness a mis en lumière les dangers de la désinformation sur les réseaux sociaux tels que Twitter (désormais X), YouTube et TikTok.
L’expérience de Global Witness
Global Witness a créé une série de publicités contenant des informations erronées sur les élections européennes. Ces publicités, diffusées sur les principales plateformes de médias sociaux, étaient conçues pour tromper les électeurs. Parmi les messages trompeurs, certaines publicités conseillaient aux électeurs de rester chez eux pour éviter des violences fictives dans les bureaux de vote, d’autres prétendaient qu’il fallait avoir 21 ans pour voter, ou encore qu’une maladie contagieuse nécessitait de ne pas se rendre aux urnes.
Les réactions des plateformes ont été variées. X a bloqué toutes les publicités, affirmant qu’elles enfreignaient ses règles. YouTube a également réagi, bien que deux publicités aient échappé à sa vigilance. Cependant, TikTok a été le plus préoccupant : aucune des publicités n’a été bloquée.
Global Witness a sévèrement critiqué TikTok pour son échec dans ce test de désinformation et a déposé plainte, estimant que la plateforme pourrait violer les régulations européennes visant à protéger les élections. TikTok, de son côté, a admis que les publicités enfreignaient ses règles mais a attribué leur diffusion à une “erreur humaine” d’un modérateur.
Des mesures à prendre ?
Cette situation souligne la nécessité d’une vigilance accrue face à la désinformation en ligne, particulièrement en période électorale. Si une ONG peut créer de telles publicités trompeuses, n’importe qui pourrait en faire autant, compromettant ainsi la démocratie.
Les exemples d’influence des réseaux sociaux sur les élections ne manquent pas. Aux États-Unis, lors de l’élection présidentielle de 2020 entre Donald Trump et Joe Biden, la désinformation était omniprésente. Une étude a révélé que 80% des fausses informations sur Twitter provenaient de seulement 0,3% des utilisateurs. L’algorithme de Twitter privilégie les posts qui suscitent des réactions, souvent les plus négatifs ou les plus outrageux, augmentant ainsi la visibilité des contenus trompeurs.
Les chercheurs ont analysé les partages d’informations politiques de plus de 650 000 électeurs américains, constatant qu’environ 2 000 d’entre eux étaient responsables de 80% des partages de fake news. De plus, des comptes créés et gérés par des entités russes ont été identifiés comme sources majeures de désinformation.
Ces observations montrent qu’un petit groupe de personnes peut significativement déformer la réalité et manipuler l’opinion publique via les réseaux sociaux. Pour contrer cette influence, il est essentiel de vérifier les sources et de diversifier les informations consultées. La vigilance collective est plus que jamais nécessaire pour protéger l’intégrité des processus démocratiques.